Nicolas Roux, porte-parole des Amis de la Terre s’interroge : « Seuls les chiffres du commerce intéressent le gouvernement. Le CETA a d’ores et déjà permis à des géants du transport commercial, comme Maersk, d’augmenter leur trafic maritime. Cette logique d’accroissement des échanges commerciaux est un non-sens écologique. Pourquoi vouloir exporter des biens comme l’eau minérale ou les pommes, alors que ceux-ci peuvent être produits localement ». [3] Une augmentation de 8 % des échanges commerciaux est prédite entre le Canada et l’UE. Pour l’entreprise Maersk, la croissance en volume d’export a augmenté de 18 %, accroissant le trafic aérien et maritime. Pire encore pour le climat, le CETA met en œuvre une franchise de droits et un accès sans contingents pour les produits pétroliers et gaziers canadiens, incluant les sables bitumineux. [4]
« Le CETA précipite les filières viande bovine, porcine et produits laitiers vers un modèle agricole industriel grand émetteur de gaz à effet de serre nuisibles pour le climat » [5], ajoute Thierry Jacquot, secrétaire national de la Confédération Paysanne. Selon les scientifiques, le système alimentaire mondial représente déjà actuellement 29 % des émissions mondiales des GES et la production industrielle pour la viande et les produits laitiers est responsable d’une grande partie de ce chiffre. [6]
Les normes de production plus contraignantes en Europe qu’au Canada ne sont pas reconnues outre-atlantique. La quasi élimination des barrières tarifaires, la remise en cause des barrières non-tarifaires et des normes alimentaires et sanitaires moins exigeantes vont entraîner mécaniquement une concurrence de produits à bas coût et une baisse de la qualité sanitaire des produits mis sur les marchés français et européen dommageables pour l’emploi paysan, la santé et l’environnement. L’Europe va recevoir des milliers de tonnes de bœuf et de lait provenant de méga-fermes industrielles qui sont pourtant très critiquées sur le plan écologique et pour le bien-être animal.
« Emmanuel Macron avait annoncé qu’il ne pourra y avoir de négociation avec les pays qui n’ont pas ratifié ou qui n’appliquent pas l’accord sur le climat. Pourtant, la commissaire au Commerce Cecilia Malmström, programme déjà des réunions avec son homologue américain en vue d’un nouveau TAFTA » déplore Jean-Michel Coulomb d’Attac. « Malgré les déclarations du Président Macron louant l’accord de Paris, force est de constater que le gouvernement demeure prisonnier de ses contradictions et ne semble avoir toujours pas pris la question du dérèglement climatique au sérieux » poursuit-il.
Les mécanismes du CETA dénoncés par le Collectif Stop TAFTA-CETA sont aujourd’hui à l’œuvre et d’autres traités de l’Union européenne pourraient suivre, tels ceux avec le Japon, l’Indonésie, le Mercosur et l’Australie.