Le parlement hollandais vient de voter une résolution appelant le gouvernement des Pays-Bas à retirer son soutien à l’accord de commerce UE-Mercosur. Cette résolution s’ajoute à celle du parlement autrichien qui, en septembre 2019, a voté une résolution similaire demandant au gouvernement autrichien de ne pas appuyer la finalisation de cet accord. Ces résolutions ne marquent pourtant pas la fin de l’accord UE-Mercosur, toujours en cours de finalisation.
Ainsi la résolution hollandaise n’est pas contraignante. Elle est néanmoins bienvenue et elle envoie un clair signal politique : le temps n’est plus à la signature de ces accords de commerce et leur ratification par le Parlement européen et/ou les parlements nationaux ne sera pas chose aisée comme il y a encore peu. Selon les associations néerlandaises et partenaires du collectif StopTAFTA/CETA, le gouvernement des Pays-Bas juge cette résolution « prématurée » car le texte final de l’accord n’est pas encore connu. Par ailleurs, des élections générales sont prévues en mars 2021, et le gouvernement pourrait jouer la montre.
Cet accord UE-Mercosur, annoncé le 28 juin 2019, est toujours en cours de finalisation et de révision, dans la plus grande opacité : hormis les négociateurs eux-mêmes, personne ne sait précisément ce qui est toujours l’objet de discussion ni quand et comment le texte de l’accord doit être finalisé. Initialement soutenu par Emmanuel Macron et les États-membres de l’UE, l’accord UE-Mercosur est désormais l’objet de vives critiques. En marge du G7 en août 2019, alors que le président brésilien Jair Bolsonaro marquait son indifférence face aux feux en Amazonie, Emmanuel Macron a fait volte-face et indiqué qu’il ne soutenait plus, « en l’état », l’accord UE-Mercosur. Depuis, outre les résolutions autrichiennes et hollandaises, de nombreux États (Irlande, Luxembourg, etc) ou encore la Wallonie (voir la résolution votée en février 2020) ont exprimé des réserves.
Bolsonaro ou pas, feux de forêts ou pas, cet accord UE-Mercosur n’aurait jamais dû être soutenu par Emmanuel Macron et les États-membres de l’UE. Il vise à approfondir une globalisation économique qui fait de l’intérêt des multinationales (ouverture des marchés etc.), notamment celles de l’agro-business, un objectif supérieur à la protection de la planète, aux droits sociaux et droits des populations. Les atteintes systémiques aux libertés, aux droits et à la démocratie et le démantèlement des politiques de protection de l’environnement mené par Jair Bolsonaro justifient également son rejet pur et simple.
En juin 2019, plus de 340 organisations avaient appelé l’UE et ses États-membres à interrompre immédiatement les négociations commerciales avec le Mercosur au nom de ses impacts sur les agricultures et paysans européens, de l’aggravation de la déforestation en Amérique du Sud, de ses effets nocifs sur le climat et la planète. A l’heure où l’opinion publique a basculé – 90% des sondés appellent à la relocalisation des activités – il est grand temps que les pouvoirs publics comprennent qu’il y a mieux à faire qu’entretenir cette fuite en avant néolibérale en signant toujours plus d’accord de commerce, comme vient de le recommander Phil Hogan, le commissaire au commerce européen.
Restons mobilisé.e.s. Continuons à exprimer publiquement les raisons pour lesquelles il faut s’opposer à l’accord UE-Mercosur et exigeons d’Emmanuel Macron qu’il rejette l’accord UE-Mercosur sans condition et qu’il construise enfin une minorité de blocage au sein du Conseil à ce sujet. L’heure n’est pas plus à l’approfondissement de la mondialisation, mais à la relocalisation écologique et solidaire.
Pour aller plus loin, quelques rapports publiés sur l’Accord UE-Mercosur :
le rapport complet de Powershift « Analysis of the agreement between the European Union and the Mercosur »
un rapport de l’ONG Grain L’accord commercial UE-Mercosur va intensifier la crise climatique due à l’agriculture
une brochure des Amis de la Terre Europe Le coût réel de l’accord commercial UE-Mercosur