C’est avec consternation que nous constatons que 83% des députés européens (524 sur 630 votants) ont approuvé la ratification de l’accord de libéralisation du commerce UE-Nouvelle-Zélande alors que cet accord va aggraver la crise climatique et fragiliser la situation de l’agriculture paysanne européenne. La campagne d’interpellation menée par les organisations de la société civile n’a pas été vaine : les eurodéputés Français des groupes S&D, Verts et GUE ont voté contre cet accord, contrairement aux eurodéputés Renew (Renaissance) qui ont voté pour cet accord. La France peut encore s’y opposer lors du prochain Conseil des ministres du commerce du 27 novembre, sans quoi cet accord sera définitivement ratifié et mis en œuvre.
Pour le collectif national Stop CETA-Mercosur (mobilisé sur les accords de libéralisation du commerce depuis des années), le vote des eurodéputés est doublement consternant : « en 2023, à quelques jours de la COP28 sur le climat, comment est-il possible que 83 % des députés européens votent en faveur d’un accord de libéralisation du commerce qui
- selon les données de l’étude d’impact publiée par la Commission européenne, va accroître les émissions de gaz à effet de serre générées par le transport (CO2) et par l’augmentation de la production agricole (méthane et protoxyde d’azote) ?
- va conduire à augmenter les importations de pommes, kiwis, miel et qui accorde des quotas d’importation sans droit de douane pour 38 000 tonnes de viande ovine, 10 000 tonnes de viande bovine, 15 000 tonnes de beurre, 25 000 tonnes de fromage et 15 000 tonnes de lait en poudre provenant d’un pays situé à plus de 20 000 km de l’UE ? »
Où sont donc passées l’ambition climatique et la défense de l’agriculture européenne claironnées sur de nombreux bancs de l’hémicycle ainsi qu’à la Commission européenne ?
Contrairement à ce qu’affirment la Commission européenne, Emmanuel Macron et les eurodéputés favorables à cet accord, notamment ceux du groupe Renew (Renaissance), l’accord UE-Nouvelle-Zélande n’est pas soutenable en raison de l’impact climatique avéré qu’il va générer, et il n’assure pas la réciprocité des normes pourtant promise : les agriculteurs néo-zélandais ont droit d’utiliser des substances interdites d’utilisation sur le sol européen. (détails dans cette note de décryptage).
Pour Maxime Combes, économiste et co-animateur du collectif national Stop CETA-Mercosur (mobilisé sur les accords de libéralisation du commerce), « il n’est pas acceptable de prétendre être à la pointe de l’ambition climatique et ratifier un accord qui va aggraver le réchauffement climatique et conduire à importer des biens déjà produits sur le sol européen depuis l’autre bout de la planète - Emmanuel Macron honorerait la France de s’opposer à cet accord lors du prochain Conseil du commerce ».
Pour la Confédération paysanne, « L’alimentation est encore la variable d’ajustement d’un système néolibéral catastrophique sur le plan social, territorial et écologique. L’heure est très grave. Nous, paysannes, paysans, sommes atterrés par cette décision catastrophique pour nos territoires, notre agriculture et tout simplement notre futur. Nos enfants s’en souviendront ! Stop au libre-échange ! ».
Qui a voté quoi ? Détails du vote sur le site du Parlement européen :
Quelques ressources sur l’accord UE-Nouvelle-Zélande :
- Une brochure de l’Aitec et du collectif Stop CETA-MERCOSUR : Va-t-on importer plus de produits agricoles de Nouvelle-Zélande, à 20 000 km d’ici ?
- Déclaration de 50 organisations de la société civile appelant à voter contre l’Accord UE-Nouvelle-Zélande : ici en .pdf
- Etude récemment publiée par la Chambre du travail de Vienne (en anglais) : On Track for Sustainable Trade ? The EU-New Zealand Trade Agreement from a Sustainability Perspective
Pour vous informer et vous impliquer, vous pouvez :
- vous inscrire par mail sur le site du collectif Stop CETA-Mercosur
- suivre les comptes Twitter et Facebook du collectif,
- vous inscrire sur ce canal Telegram d’information (peu de messages)
Liste des organisations en France qui demandent aux députés européens de voter CONTRE la ratification de l’accord UE-Nouvelle-Zélande - voir leur déclaration ici en .pdf :
ActionAid France, Aitec, Alofa Tuvalu , Amis de la Terre , Attac France, Bloom, CADTM, CGT, Comité Pauvreté et Politique, Confédération Paysanne, FSU, Fédération Artisans du Monde, Fondation Copernic, Fondation pour la Nature et l’Homme, France nature Environnement, Générations Futures, Les Amis du Monde Diplomatique, Notre Affaire à Tous, reseau Roosevelt-Du travail pour tous, Terre & Humanisme , Veblen Institute, ZEA et le collectif national Stop CETA/Mercosur ;