Après avoir voté en faveur de la ratification de l’accord de libéralisation du commerce UE-Nouvelle-Zélande en décembre 2023, le Parlement européen vient d’en faire autant ce jeudi 29 février avec les accords UE-Chili et UE-Kenya. C’est avec tristesse mais détermination que nous constatons que respectivement 65 & 72% des députés européens, dont les eurodéputés Renaissance, ont approuvé ces deux accords qui contribuent à insérer toujours plus d’activités, d’entreprises et d’emplois dans la mondialisation et la concurrence internationale, au détriment de l’ambition climatique et écologique, de la protection des emplois et des conditions de travail, du maintien d’une agriculture paysanne de qualité et soutenable, ainsi que des promesses de relocalisation faites pendant la pandémie de COVID19.
Ce vote suscite également une grande consternation : en pleine mobilisation du monde agricole aux quatre coins de l’UE, comment les députés européens, ainsi que la Commission européenne et les États-membres qui leur ont soumis ces accords pour ratification, peuvent-ils justifier la ratification de deux accords qui, en plus de s’ajouter à tous les accords déjà existants, vont à la fois contribuer à augmenter l’importation de produits agricoles venant de milliers de kilomètres d’ici et continuer à tirer les prix vers le bas par un renforcement de la concurrence internationale ?
La campagne d’interpellation menée par les organisations de la société civile n’a pas été vaine (voir les deux lettres ouvertes ici et ici). Plus de 5000 personnes ont écrit aux députés européens pour les appeler à voter Non à ces deux accords. Les eurodéputés Français des groupes S&D, Verts et GUE ont voté contre cet accord, contrairement aux eurodéputés Renew (Renaissance) qui ont voté pour cet accord. La France peut encore s’y opposer lors du prochain Conseil des ministres des affaires étrangères du 18 mars (date à confirmer), sans quoi cet accord sera définitivement ratifié et mis en œuvre.
Pour le collectif national Stop CETA-Mercosur (mobilisé sur les accords de libéralisation du commerce depuis des années), il est impératif d’accroître la pression de la société civile et de la population sur les décideurs politiques pour que tels accords, comme celui avec le Mercosur, ne voient pas le jour.
Réactions de membres du collectif
Pour Eric Moranval, chargé de campagne à Greenpeace France, « en approuvant ces accords en pleine crise agricole, les partis politiques de droite, dont le parti du Président Macron, persistent dans une approche idéologique qui nous conduit au bord du précipice climatique et mène le monde paysan européen dans une impasse. L’Union européenne doit cesser sa folie ultra libérale de toute urgence ».
Pour Nicolas Roux d’Attac France, « en dépit des récentes crises climatique, sanitaire, géopolitique et agricole, l’Union européenne reste dans l’incapacité de changer de logiciel et continue à entasser des accords de libre-échange d’une autre temps, et dont les conséquences nuisibles ont été démontrées à maintes reprises ».
Pour la Confédération paysanne, « l’alimentation est encore la variable d’ajustement d’un système néolibéral catastrophique sur le plan social, territorial et écologique. L’heure est très grave. Nous, paysannes, paysans, sommes atterrés par cette décision catastrophique pour nos territoires, notre agriculture et tout simplement notre futur. Nos enfants s’en souviendront ! Stop au libre-échange ! ».
Pour Maxime Combes, en charge de la politique commerciale à l’Aitec, « ces deux nouveaux accords, qui s’ajoutent aux nombreux accords du même type déjà en vigueur, contribuent, en plus d’ouvrir les marchés agricoles européens, à rendre toujours plus difficiles les politiques publiques de régulation du commerce mondial et de ses effets, tels que la promesse de prix planchers ».
Quelques ressources sur les accords UE-Chili et UE-Nouvelle-Zélande :
- Des visuels ci-dessous à utiliser sur les réseaux sociaux
- Plus de 100 organisations appellent les eurodéputés à voter NON à l’accord UE-Chili
- Lettre ouverte aux députés européens pour qu’ils votent contre l’accord UE-Kénya, endossée par plus de 40 organisations
Pour vous informer et vous impliquer, vous pouvez : - vous inscrire par mail sur le site du collectif Stop CETA-Mercosur
- suivre les comptes Twitter et Facebook du collectif,
- vous inscrire sur ce canal Telegram d’information (peu de messages)
- Vous inscrire à la chaîne Youtube du collectif Stop Mercosur
Liste des organisations en France qui demandent aux députés européens de voter CONTRE la ratification de l’accord UE-Chili et/ou UE-Kenya :
ActionAid France, Action non-violente COP 21, Aitec, Alternatiba, Alofa Tuvalu, Attac France, Bloom, CADTM France, Canopée, Confédération paysanne, CGT, Extinction Rebellion, Fédération Artisans du Monde, France Amérique Latine - FAL , France Nature Environnement, FSU, Générations Futures, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Les Amis de la Terre, Les Amis du Monde diplomatique, L’Offensive, Notre Affaire À Tous, Sherpa, Veblen Institute, ZEA et le Collectif national Stop CETA-Mercosur